jeudi 27 décembre 2007

Benazir Bhutto (1953-2007)

Par manque de temps et parce que l’actualité au Pakistan était en perpétuelle effervescence, j’ai passé l’automne à vouloir blogguer sur Benazir Bhutto sans le faire. L’actualité m’y contraint aujourd’hui, dans de terribles circonstances.

Victime de balles au cou, à la tête en plus d’une bombe que transportait un kamikaze [précision du 12-28: la version de l'armée diverge], Benazir Bhutto est décédée aujourd’hui à l’âge de 54 ans. Candidate la plus ouverte à des réformes démocratiques en son pays, elle fut la première femme à diriger un État musulman en 1988. Elle n'avait alors que 35 ans. En octobre dernier, elle était rentrée de huit ans d’exil en vue de diriger à nouveau pour les élections à venir son parti politique (le PPP, fondé par son père président jusqu’à 1977). 139 personnes avaient alors trouvé la mort dans un attentat mais elle y avait survécu. À deux semaines de l’événement qui avait présidé à son retour, celle-ci aura eu moins de chance.

Le Pakistan est déchiré en trois camps : l’armée (d’où est issu l’actuel dictateur Pervez Musharraf), les islamistes radicaux (proches des talibans de l’Afrghanistan dont le Pakistan est le voisin) et les supporters de Mme Bhutto. Les deux camps rivaux du parti de Mme Bhutto se détestent mais tous deux avaient des raisons de souhaiter sa disparition. La communauté internationale s’attend maintenant à ce que le pays affronte une période trouble. Par la suite, quelle faction s’imposera-t-elle ? La dictature militaire pakistanaise se durcira-t-elle ? La voix démocratique de Benazir Bhutto saura-t-elle triompher ou bien le pays basculera-t-il dans un fondamentalisme religieux que les auteurs présumés de l’attentat espèrent ? Le monde retient son souffle.

Timidement j’avais inscrit le nom de Bhutto dans mon bulletin des attitudes comme un modèle international d’intégrité. Celle-ci n’est pas sans défaut : elle et son mari ont probablement reçu des pots de vin importants (la justice lui imposa le choix entre l'exil ou la prison). Le courage qu’elle aura montré par son retour aux affaires aura toutefois redonné tout le lustre à sa réputation. Sa mort se déroule à l’autre bout du monde et la politique internationale n’est probablement pas le sujet que tu maîtrises le mieux. C’était un peu ma responsabilité que de t’y initier (quelques vidéos illustrant la carrière de Bhutto et le contexte de sa mort se trouve sur la page d'RDI. Clique.). Mieux vaux tard que jamais. Les répercussions de cet événement ne sont pas moins importantes que la mort d’un John F. Kennedy aux États-Unis en 1963. C'est tout un choc.